Le Libor jugé peu fiable, mais pas d'alternative

Le Libor, taux interbancaire au coeur d'un scandale international de manipulation de cours, n'est pas jugé fiable mais il n'existe pas à ce jour d'alternative crédible, selon une enquête réalisée auprès de douze gros émetteurs d'obligations corporate. Pour autant, Gary Gensler, le président de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) juge que le Libor devrait être bel et bien remplacé ou modifié...

Beaucoup d'emprunteurs contactés par Reuters ont sinon refusé de répondre à l'enquête compte tenu de la sensibilité du sujet. Six sur 12 ont dit considérer que le Libor (London interbank offered rate) n'était pas une valeur de référence suffisamment juste pour mettre à prix leurs emprunts. Mais dix sur les 12 ont ajouté qu'ils n'envisageaient pas d'utiliser un autre indicateur.

"Les cours du Libor sont depuis de longues années un benchmark utile et tout autre indicateur, à mon avis, pourrait aussi être manipulé d'une façon ou d'une autre", a dit le trésorier d'une entreprise, en souhaitant rester anonyme. Les 12 groupes interrogés ont emprunté quelque 212 milliards de dollars (165 milliards d'euros) entre mai 2011 et avril 2012, selon les données d'IFR (groupe ThomsonReuters).

Le Libor est utilisé pour établir les prix de 350.000 milliards de dollars de produits, allant des emprunts immobiliers aux crédits à la consommation. Plus d'une dizaine de banques sont soupçonnées de l'avoir manipulé et les régulateurs du monde entier réfléchissent aujourd'hui à des alternatives.

La banque Barclays a d'ores et déjà écopé, en juin, d'une amende record de plus de 450 millions de dollars (350 millions d'euros) et d'autres sanctions devraient suivre.

Plutôt que d'adopter un autre benchmark, les trésoriers interrogés se sont prononcés en faveur d'une surveillance accrue du Libor."Compte tenu des abus passés, il est probable qu'une meilleure solution finira par être mise en place et cela nous permettra de continuer d'utiliser le Libor", a dit l'un d'entre eux. "Nous sommes favorables à une révision de la méthode de fixation du Libor et à une supervision plus stricte par les autorités bancaires londoniennes", a ajouté un autre.

Ce n'est pas suffisant pour Gensler. "Il est temps d'avoir un nouvel étalon ou un étalon révisé, un étalon sain, ancré dans les transactions de marché réelles et observables", a-t-il lancé devant le Parlement européen. "Les ententes sont moins vraisemblables s'il y a des transactions réelles sur lesquelles ancrer l'étalon ; il y a moins de marge de manœuvre pour les mauvais coups".

Cette position a reçu l'appui tacite du commissaire européen au Marché intérieur Michel Barnier, pour qui une tel mécanisme est possible. "La seule chose qui n'est pas possible c'est l'autorégulation et le statu quo", a-t-il dit aux parlementaires.

S'exprimant devant la même assemblée, le commissaire européen à la Concurrence Joaquin Almunia a soulevé la crainte que non seulement les banques mais aussi leurs courtiers se soient rendus coupables de manipulation. "Il nous faut voir la fin de ce que beaucoup appellent le capitalisme de casino", a-t-il dit.

L'Association des banques britanniques estime que, dans le monde, ce sont 10.000 milliards de dollars de prêts de toute sorte qui sont indexés sur le Libor. L'Autorité britannique des services financiers publiera le 28 septembre ses recommandations sur le sujet.

©Crédit photo : REUTERS/Suzanne Plunkett

Source : Reuters

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