La justice entérine la thèse de l'explosion chimique à AZF

La thèse d'un accident chimique a été validée lundi par la justice française comme étant à l'origine de l'explosion de l'usine AZF en 2001 à Toulouse, une décision qui balaye d'un revers de main les théories évoquant un acte criminel ou une double déflagration...

Dans son arrêt publié lundi, la cour d'appel de Toulouse retient le scénario d'une mise en contact accidentelle de produits chimiques dans le hangar 221 du site, conformément à l'hypothèse retenue par les experts judiciaires. En première instance, en novembre 2009, le tribunal correctionnel de Toulouse avait jugé cette hypothèse trop fragile et relaxé les prévenus.

Tout au long du procès en appel, ce scénario a de nouveau été critiqué par la défense, qui a estimé que la piste criminelle n'avait pas été suffisamment explorée et s'est même appuyée pendant l'été sur l'affaire Merah pour tenter de relancer l'hypothèse d'un acte intentionnel.

La thèse des experts a également été remise en cause fin août dans une "contre-enquête" publiée dans une revue spécialisée, qui évoquait une première déflagration liée à une fuite de carburant pour fusée sur un site voisin, laquelle aurait déclenché l'explosion du site chimique.

"La cour a examiné puis écarté les causes manifestement infondées que sont: une météorite, la foudre, l'incendie, l'explosion d'une bombe de la Deuxième Guerre mondiale ou d'une munition enterrée, la nitrocellulose, un phénomène électromagnétique", a détaillé le président Bernard Brunet lors de l'audience. La juridiction a également rejeté la piste intentionnelle.

"La cour en a conclu, et cela sans qu'il subsiste le moindre doute, qu'aucune intervention volontaire interne ou externe n'est à l'origine de l'explosion des nitrates du bâtiment 221", a-t-il ajouté. Restait la piste chimique, qui a été retenue lundi par la justice pour condamner l'ex-directeur de l'usine à trois ans de prison dont deux avec sursis et 45.000 euros d'amende, et la société Grande Paroisse, filiale de Total, à 225.000 euros d'amende.

La président de la cour a présenté comme "certain" le scénario d'une mise en contact accidentelle d'un produit chloré, le DCCNa, et de nitrates d'ammonium stockés dans le hangar 221, avant de détailler les phases successives de la catastrophe : "Regroupement et secouage dans le bâtiment 335 d'emballages contenant encore des produits chimiques et notamment du DCCNa ; apport dans le bâtiment 221 le matin du 21 septembre 2001 d'une benne contenant notamment du DCCNa balayé sur le sol du 335 ; dans le box 221, déversement du produit de la benne sur des nitrates humides ; réaction chimique conduisant à la détonation des produits du box", a-t-il retracé.

La défense, qui a annoncé son pourvoi en cassation, a campé sur ses positions lundi après l'énoncé de l'arrêt, parlant d'une condamnation "sans preuve". "Il n'y a pas de preuve dans ce dossier, on n'en a pas vu l'ombre d'une dans l'explication (lue par le président à l'audience, NDLR) mais on en lira peut-être dans les 600 pages" de l'arrêt, a réagi Me Daniel Soulez-Larivière, avocat de Serge Biechlin et de Grande Paroisse.

"Quand on n'a pas de preuve dans un dossier, il arrive qu'on rende une décision très sévère pour donner de l'autorité à cette décision. C'est un peu ce qui s'est passé, je pense." 

Jacques Mignard, président d'AZF - Mémoire et solidarité, association d'anciens employés de l'usine, s'est également dit déçu par l'arrêt et promet de continuer "la recherche de la vérité". "Nous, ce qu'on demandait, c'était un complément d'information et une réouverture de l'enquête. Non seulement on n'a pas eu satisfaction, mais on a eu un jugement complètement inique", a-t-il fait valoir. "Sur la base d'une thèse erronée, elle ne peut reposer que sur des interprétations et des non-faits. Par conséquent, on est profondément insatisfaits."

D'autres associations de victimes, en revanche, se montraient heureuses de voir la thèse de l'accident chimique reconnue par la justice. "L'important, c'est que la cause de l'explosion ait été affirmée de manière péremptoire, de manière forte", a déclaré Me Stella Bisseuil, avocate de l'association Famille Endeuillées.

©Crédit photo : REUTERS/Jean-Philippe Arles

Source : Reuters

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