Ayrault défend son projet devant des élus marseillais divisés

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a entrepris lundi de convaincre les élus de la région marseillaise de la nécessité d'une puissante métropole pour traiter les causes profondes de la violence endémique qui sévit dans la cité phocéenne.

Accueilli avec bienveillance par les grands élus du territoire, gauche et droite confondues, le projet soulève une levée de boucliers chez les intercommunalités voisines peu enclines à partager leurs ressources fiscales avec le parent pauvre que constitue Marseille...

"Le territoire de Marseille a d'énormes atouts pour devenir une grande métropole européenne et méditerranéenne, mais pour cela il faut sortir des paralysies et des jeux personnels", a déclaré Jean-Marc Ayrault, qui sera à Marseille jusqu'à mardi, devant la préfecture de région.

Il venait d'y rencontrer le maire de la ville, Jean-Claude Gaudin, le président de la communauté urbaine, Eugène Caselli et le président du conseil général, Jean-Noël Guérini, avant de déjeuner avec le président du conseil régional, Michel Vauzelle.

Mais le Premier ministre a aussi pris soin de rappeler la détermination du gouvernement à mener à bien son projet présenté jeudi dernier pour faire reculer les causes de l'insécurité en améliorant notamment l'emploi et les services publics, sans se limiter à la lutte contre les trafics.

"Je viens montrer la détermination du gouvernement et engager le dialogue mais avec un objectif concret, c'est que le Parlement sera saisi d'un projet courant de l'année 2013. Il ne faut pas perdre de temps", a-t-il dit.

Après avoir inauguré le Mémorial du camps des Milles, le seul grand camp français d'internement et de déportation de la Seconde Guerre mondiale encore intact et passé une nuit en préfecture, le chef du gouvernement devra faire preuve de persuasion pour rallier à sa cause les présidents des intercommunalités qu'il recevra mardi matin.

A l'image de la présidente de la communauté d'agglomération d'Aubagne, la communiste Magali Giovannangeli, aucun ne veut en effet "d'une mégapole marseillaise, véritable monstre administratif". "Aujourd'hui, partout dans le monde, les métropoles ou les mégapoles sont remises en cause car elles ne règlent pas les problèmes, bien au contraire. De Mexico en passant par Détroit ou encore Barcelone, l'échec est patent", explique l'élue.

Réunis à Arles vendredi dernier, les présidents des intercommunalités soulignent qu'aucune loi ne peut leur imposer une métropole. "En quoi l'intégration forcée d'Aix, Martigues, Aubagne, Salon ou Ouest Provence dans une grande métropole ferait reculer la misère ou l'insécurité à Marseille ?", s'interrogent-ils.

Jean-Marc Ayrault leur a répondu en soulignant l'intérêt de se mobiliser contre les "inerties, les conservatismes, les blocages". "Où est le réseau des transports publics sur les axes structurants ? Il n'existe pas parce que dix autorités organisatrices de transports sont incapables de s'entendre dans une même entité", a-t-il expliqué.

"Moi, je veux relever le défi. Le projet de métropole ce n'est pas une théorie, ce n'est pas un concept, c'est une réalité pour la vie quotidienne de tous les habitants de ce territoire", a-t-il ajouté.

Pour conforter son concept, Matignon pourra s'appuyer sur les grands barons politiques locaux qui, comme Eugène Caselli, y voient un "projet structurant pour l'avenir de l'aire marseillaise" et une "métropole connectée avec la réalité".

Plus pragmatique, le maire UMP de Marseille juge qu'il s'agirait d'un juste rééquilibrage. "La richesse est à l'extérieur du corset montagneux qui entoure la ville. Nous, nous avons toutes les charges de centralité. Si on pouvait équilibrer tout ça, ce serait une bonne chose", a dit Jean-Claude Gaudin.

©Crédit photo : REUTERS/Jean-Paul Pélissier

Source : Reuters

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