Au Liban, le pape plaide pour l'arrêt du conflit syrien et s'inquiète pour les chrétiens d'Orient

A l'entame d'une délicate visite de trois jours au Liban, Benoît XVI a plaidé vendredi pour l'arrêt des livraisons d'armes à la Syrie comme moyen de mettre fin au conflit qui déchire ce pays depuis dix-huit mois. "Les importations d'armes doivent cesser", a-t-il estimé. "Sans l'importation d'armes, la guerre ne peut pas continuer. Au lieu d'importer des armes, ce qui est un grave péché, nous devons importer des idées de paix et de créativité"...

Le souverain pontife, qui s'exprimait à bord de l'avion le conduisant à Beyrouth, a jugé que le "printemps arabe" devait être considéré comme "un cri pour la liberté" s'il s'exprime dans le respect de la tolérance religieuse.

Benoît XVI a jugé que les soulèvements contre les régimes autoritaires du monde arabe constituaient "une chose positive. Il y a une aspiration à plus de démocratie, plus de libertés, plus de coopération et de renouveau", a-t-il poursuivi. Interrogé sur les craintes que les chrétiens éprouvent face aux agressions croissantes des islamistes radicaux, le pape a affirmé que "le fondamentalisme est toujours une falsification de la religion".

Accueilli à son arrivée à Beyrouth par des représentants des communautés chrétienne, sunnite et druze ainsi que par les dirigeants politiques libanais, il s'est rendu à la basilique Saint-Paul, qui surplombe la mer Méditerranée à Harissa, près de Beyrouth, d'où il a appelé les dirigeants religieux à endiguer coûte que coûte la menace fondamentaliste.

Le fondamentalisme, a-t-il dit, "affecte fatalement et sans discernement les croyants de toutes les religions". La dénonciation du fondamentalisme figure dans une "exhortation apostolique" aux chrétiens du Moyen-Orient rendue publique lors de cette cérémonie à laquelle participaient les dirigeants de l'Eglise libanaise.

Ce 24e voyage du souverain pontife à l'étranger, son quatrième au Moyen-Orient, depuis son élection en 2005 intervient dans un contexte tendu dans le monde arabe après la diffusion d'une vidéo islamophobe réalisée aux Etats-Unis.

Dans la ville de Tripoli, dans le nord du Liban, des affrontements entre des manifestants anti-occidentaux, qui tentaient d'investir un immeuble gouvernemental, et les forces de sécurité ont fait un mort et deux blessés. Douze membres des forces de l'ordre ont été blessés par des jets de pierres. Plusieurs centaines de personnes ont brûlé un restaurant fast-food Kentucky Fried Chicken (KFC), scandant des slogans hostiles à la visite papale et aux Etats-Unis.

Selon un journaliste de Reuters présent sur place, des résidents locaux qui observaient l'attaque ont crié: "Nous ne voulons pas du pape" et "Assez d'insultes (à l'islam - NDLR)".

La guerre civile en Syrie a eu un effet contagieux au Liban avec un accroissement des tensions entre les sunnites, qui soutiennent dans leur majorité le soulèvement contre Bachar al Assad, et les chiites, globalement fidèles à la minorité alaouite (émanation du chiisme) au pouvoir à Damas.

Le Liban "apporte sûrement la preuve à tout le Moyen-Orient et au reste du monde" que les chrétiens peuvent vivre en paix avec les autres Eglises et les autres religions, a dit le pape. "Cet équilibre, qui est présenté comme un exemple partout ailleurs, est extrêmement fragile", a-t-il reconnu.

Fruit d'un synode des évêques catholiques tenu à Rome en 2010, l'"exhortation apostolique" aux chrétiens du Moyen-Orient rendue publique vendredi affirme que la région souffre d'une "hémorragie de chrétiens qui se trouvent dans une situation délicate, et parfois sans espoir". Le souverain pontife a demandé aux dirigeants politiques et religieux d'éviter un "Moyen-Orient monochromatique".

Le Vatican est particulièrement inquiet de l'exode des chrétiens vivant dans la région. Selon des estimations, il n'y représentent plus que 5% de la population contre 20% il y a un siècle. La population actuelle de 12 millions de chrétiens pourrait diminuer de moitié d'ici 2020 si les conditions de sécurité ne s'améliorent pas et si le taux de natalité reste faible.

©Crédit photo : REUTERS/Mohamed Azakir

Source : Reuters

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