Ron Paul provoque un tollé et réduit les chances de victoire de Mitt Romney

Le libertarien Ron Paul a harangué les 7.000 admirateurs qui s'étaient amassés pour l'écouter à l'université de la Floride du sud dimanche 26 au soir, à la veille du premier jour de la convention républicaine. Ce libertarien de 77 ans – candidat déçu à la nomination républicaine – est jugé relativement ingérable par les huiles du Parti. D'après Ron Paul, le camp Romney lui avait proposé de participer à la convention à condition de faire d'abord approuver son discours...

Et on comprend mieux pourquoi lorsqu'on voit ce qu'il a notamment dit à propos du 11-Septembre : "On a dit si le camp Paul avait été au pouvoir, Ousama Ben Laden serait toujours en vie. Vous savez ce que je réponds? Les 3.000 personnes tuées le 11-septembre aussi seraient en vie !"

Pendant son heure de discours, il a également affirmé que Bradley Manning – le soldat emprisonné pour avoir fourni des informations confidentielles à WikiLeaks – était l'équivalent de Daniel Ellsberg –le "whistleblower" qui a permis de révéler les Pentagon papers, avant de dire que Julian Assange était un citoyen australien et ne devrait pas être poursuivi pour trahison aux Etats-Unis.

Ron Paul – qui a du coup refusé l'invitation à participer en personne à la Convention républicaine – a discouru pendant plus d'une heure au "Paul Festival", un évènement de trois jours tenus à la veille de la Convention. Des orateurs se sont succédés pendant 4 heures dimanche soir avant de lui laisser la place, et il n'a pas manqué d'ouvrir son discours sur cette opposition entre les pontes du parti républicain et son mouvement : "Aujourd'hui, j'ai été très excité de recevoir un coup de téléphone du Parti républicain. Ils m'ont dit qu'ils ont changé d'avis, ils vont me donner une heure entière et je peux dire tout ce que je veux – demain soir !"

"Demain soir", c'est à dire lundi soir... où le parti a annulé ses discours pour cause d'ouragan Isaac. Les Républicains ont un problème avec Ron Paul. Le Parti doit réussir à prendre en compte son pouvoir d'attraction – notamment chez les jeunes – sans pouvoir lui donner un rôle véritablement important vu son côté "incontrôlable". Le départ de Ron Paul à la retraite pourrait apporter une solution, avec un candidat plus "acceptable" représentant son mouvement. Encore faut-il que les libertariens suivent quelqu'un d'autre que leur leader.

Les deux pieds dans le Parti républicain, mais la tête et même tout le reste du corps qui penchent très loin en dehors, Ron Paul reste l’un des phénomènes les plus intéressants (bien que peu couvert) de la campagne en cours. Parmi les quelques milliers de ses fans rassemblés ce dimanche dans l’immense "Sun Dome" de l’université, difficile par exemple d’en trouver un qui serait prêt à voter pour le ticket Romney-Ryan.

Debbie Pizzati, une supporter de Ron Paul
"Je préfère encore tolérer quatre ans de plus d’Obama, plutôt que voter Romney et risquer de l’avoir président pour huit ans», calcule par exemple Debbie Pizzati, 42 ans, infirmière venue exprès du Mississippi pour ce meeting. «Je ne suis d’accord avec rien de ce que propose Romney, poursuit-elle. Il est même prêt à nous entrainer en guerre contre l’Iran maintenant !" (Ron Paul est un anti-americano-impérialisme - NDLR).

Scott C. Tips, avocat et président d'une association qui se bat contre la réglementation gouvernementale des produits alimentaires, explique que les partisans de Ron Paul ne voteront Romney que "s’ils y sont forcés". Et tant pis si cela coûte la victoire à Romney : "De toutes façons, ni Obama ni Romney ne pourront régler les problèmes économiques qui s’accumulent. On va vers un crash d’ici deux ans, et je préfère encore que ce soit Obama qui porte la responsabilité pour le crash". Mais que fait donc Ron Paul encore dans les rangs du Parti républicain au juste ? "C’est à cause de notre stupide système politique en Amérique, explique Scott. Il est très difficile de faire émerger un troisième parti, les républicains et les démocrates contrôlent tout. Pour cela, on essayer de capturer le parti républicain avec l’idée libertarienne".

Mitt Romney cependant élu
Le parti républicain a cependant officiellement investi mardi, quelques heures après l'ouverture de la convention nationale du parti, Mitt Romney comme son candidat à l'élection présidentielle américaine du 6 novembre face au président démocrate sortant Barack Obama.

Les délégués réunis à Tampa en Floride se sont prononcés en faveur de l'ancien gouverneur du Massachusetts pour représenter le parti lors de cette élection, après le décalage d'une journée de l'ouverture de la convention, en raison des intempéries provoquées par l'ouragan Isaac.

Le report de l'ouverture n'a pas entamé la virulence contre Barack Obama des caciques républicains, stimulés par l'arrivée de Mitt Romney, deux jours plus tôt que prévu. "Mitt Romney nous dira les vérités difficiles que nous devons entendre pour nous remettre sur la voie de la croissance et créer à nouveau des emplois bien rémunérés au sein du secteur privé, aux Etats-Unis", a affirmé Chris Christie, gouverneur du New Jersey, qui prononçait le discours d'ouverture.

La soirée a été conçue pour culminer sur le discours d'Ann Romney, l'épouse du candidat républicain, qui s'était jusqu'à maintenant montrée relativement discrète. Le rôle principal du discours d'Ann Romney, âgée de 63 ans, au sein de la convention était de nuancer l'image peu chaleureuse que le camp démocrate et certains médias dressent de Mitt Romney, présenté par ses adversaires comme un multimillionnaire déconnecté du terrain social.

La soirée de mardi a également été marquée par un discours de Rick Santorum, adversaire conservateur de Mitt Romney lors des primaires, qui a plus fait l'éloge des valeurs traditionnelles que du candidat républicain, dont il n'a prononcé que trois fois le nom.

En conséquence de ce que nous expliquions précédemment, l'unité du camp républicain a été mise à mal par des partisans de Ron Paul, représentant du Texas qui n'avait toujours pas, officiellement, abandonné sa candidature à la primaire républicaine. 

Une décision votée par acclamation sur la désignation du candidat a diminué, de fait, le nombre de délégués partisans de Ron Paul issus du Maine. "Nous avons été privés de notre droit de vote par notre propre parti", a déclaré Russell Montgomery, venu du Maine. "Nous ne participerons pas à ce chaos. Nous ne légitimerons pas ce fiasco. Cela va aussi mal que dans l'autre parti - la corruption".

Sources : Slate.fr - Libération - Reuters

Samuel Cour

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